Annaïla Telsaint
Je m’appelle Annaïla Perpétua Telsaint. Je ne sais pas si les noms sont prophétiques, mais si c’est le cas, alors comment perdurer quand tout est mortel? Ça explique peut-être mon choix d’étude. J'ai toujours une attirance pour l’art, la création. Je me suis inscrite en art et lettre. Ambitieux, pour une jeune fille immigrée au Canada plus précisément au Québec, encore plus précis, à Longueuil, qui ne connaissait aucun mot de français. Mais je dois être à la hauteur de mon nom. Non? Le français une langue romantique, mais ma romance avec elle fut douloureuse. Une coupure. Il fallait oublier ma langue natale pour me gaver de la langue des colons. Il fallait qu’elle devienne mienne. Il faut s’adapter. J’ai eu mon diplôme en temps de crise à l’Inis, je suis maintenant une scénariste de la relève. Bravo ! Que vas-tu faire ? Respirer. Un rire. Après avoir pris le temps pour comprendre mon nom et me réconcilier avec ma différence, mes racines, je suis venue à la conclusion que je ne pouvais pas fuir ce que je suis : une femme québécoise, originaire d’Haïti. Je laisse les autres remarquer ma différence, je sais qu’on finira par en parler à la fin de la soirée. Est-ce que cela me dérange ? Non, je me pose autant de questions que vous. La curiosité de connaître l'autre est plus grande que nous. Je suis tout aussi curieuse que vous. Si je réponds à vos questions, répondrez-vous aux miennes ? Mon monde est particulier. J’ai trouvé ma mission. Quel soulagement ! Écrire pour partager ma culture, ma double identité et tout ce qui fait de moi la femme que je suis. Je n’ai pas l’ambition de changer le monde, mais je peux, simplement, montrer une réalité différente de celle que j'ai l’habitude de voir à nos écrans. Aussi, il ne faut pas oublier que j’ai une prophétie à respecter : Perpétuer !